UN ROI SANS DIVERTISSEMENT

   Extrait d' Un Roi sans divertissement : l'assassin descend de l'arbre qui recueille ses forfaits.

   Les nids d'oiseaux qui réchauffèrent le cœur de ce mois du changement, particulièrement ambigu cette année, se sont vidés la semaine dernière : plus de supposé coucou, plus d'oisillons minuscules sortis de leur coque couleur "mer du sud". Prédateur ou trombes d'eau ont rompu la croissance entamée, malmené un des abris, le dernier œuf non éclos tombé plus bas...

   Le 30 avril éveillerait-il certains instincts les pires auxquels l'Homme n'échapperait point, de tous temps, le nôtre plus retors que jamais ?

   (Richesses et pauvretés extrêmes, moyens technologiques puissants, déracinements, théâtre démocratique, etc..)

   Cela se dit.

   Clara goûte son plat mijotant sur le feu de la cheminée (un poêle réchauffe aussi les lieux).

   Le film de François Leterrier de 1963, Un roi sans divertissement, inspiré du livre éponyme de Jean Giono (qui l'adapte, le produit et y prêterait sa voix) m'a captivée (DVD récemment visionné sur petit écran).

   Le drame en est la trame, drame de crimes, drame de la condition humaine (tragédie ?).

   Les faits se déroulent en 1840, et la reconstitution de la vie de quelques- uns dans un village isolé de l'Aubrac sous la neige hivernale est de grande beauté, malgré le plomb de la situation.

   Arbres, animaux participent pleinement de l'histoire, symboles jusqu'à la métamorphose, comme cette canopée se faisant nid des plus glaçants, ou ces sculptures de lumière à structure végétale.

   Bruts sont les faits et le cadre. Épure d'un constat - fatalité ou non.

   Extraits choisis d'Un roi sans divertissement.

   L'ennui comme motif.

   Théâtres dont celui de la messe.

   "Vivre, il s'agit d'y prendre plaisir."

   "On n'ose pas. Il faudrait."

   "Il n'y a que la nouveauté qui saoule."

   Clara est une ancienne patronne de maison close retirée et reconvertie dans un café-auberge villageois.

   Le capitaine Langlois sur les traces du meurtrier désormais identifié. Il monte à l'arbre.

   Très prosaïquement, - ce qui est une manière instructive de regarder Un roi sans divertissement, situé dans un pays retiré, marqué par les pratiques traditionnelles, la montée dans un vieil arbre régulièrement émondé est assez aisée, grâce aux branches de repousse, qui deviennent barreaux d'une échelle, points d'accrochage.

   Dans L'arbre et la haie, mémoire et avenir du bocage, Philippe Bardel, Jean-Luc Maillard et Gilles Pichard (PUR & Ecomusée de Rennes, 2008, pages 75), soulignent le risque que représente les branches, cassantes, sur les "vieilles ragosses les plus noueuses","causant de nombreux accidents. Cela n'empêche pas les jeunes hommes, plus particulièrement chargés de cette opération, de se livrer une compétition acharnée" est-il complété.

   (La taille en forme de ragosse va produire des fagots, celle du têtard des rondins - page 72. La trogne est générique.

   "Dans la morphologie des trognes, à peu près toutes les figures peuvent exister et coexister, de l'élan vertical au développement horizontal en passant par les troncs ou les têtes multiples. J'emploie à dessein le mot trogne venu du Perche car mieux que tous les autres, il dit la relation particulière qui unit ces arbres aux générations d'hommes qui les ont taillés et retaillés, et auxquels ils finissent par ressembler.") Dominique Mansion

   Ibid, page 82.